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Le Roi des Aulnes

Kerwan Walsh
Messages : 51
Date d'inscription : 01/12/2017
Niv 2 : équipe technique





Kerwan Walsh
Niv 2 : équipe technique
Mar 13 Mar - 20:42
Fumée de cigarette et fumée de pots d’échappement.
Citronnelle et pourriture.
Tout me remonte au fond des narines, une espèce de puanteur immonde qui colle à la surface du Rhône, qui attire les moustiques et les corbeaux.
Mes yeux séchés par la chaleur et l’aridité du sud de la Provence me chatouillent ; Comme ma gorge qui prend un mouvement de déglutition, par réflexe, me retenant de vomir.
Je savais très bien ce que je venais chercher ici.


Sorgues, une terre perdue de Provence.
Juillet 2081.
Territoire disputé entre la République Française et le Consulat d’Arles.


Elle avait trouvé un joli endroit pour mourir. C’était pas elle qui l’avait choisi bien sûr, mais je veux dire... J’ai retrouvé les mêmes dans des pires endroits. Dans des vieilles caves pourries dans le pays de Caux, suspendues à des lampadaires de Hérouville ou la Grâce-de-Dieu, une noyée dans l’Orne, le corps écrasé par les chalands qui remontaient le port. Mais ça c’était au début. Il s’est un peu raffiné. Depuis le coup de Bayeux ça.
Alors, au milieu de la lavande, les criquets qui font leur bruissement, le souffle de l’air qui fait bouger les herbes sèches et touffues... Je sais pas.
Elle avait trouvé un joli endroit pour mourir.
Je levais l’appareil photo et activait le flash, pour que, dans la nuit que la pleine lune illuminait, on puisse immortaliser ce spectacle macabre. Une gamine, pas plus jeune que les étudiantes qui sortent, ou qui sortaient plutôt des facs l’été, ou... Ou même du lycée. Totalement nue, excepté des frusques avec lesquelles on l’a recouverte. Un masque étrange, en osier et couvert de peintures qui camoufle la moitié de son visage, des branchages et des feuilles qui tombent pour recouvrir sa poitrine. Des bracelets et des bijoux.
Les yeux arrachés. Les poignets ouverts. Les aisselles ouvertes. Des coupures à des endroits qui ne défigurent pas... Mais son corps d’un teint diaphane laisse deviner le même mode opératoire, qui a bien changé par rapport à l’époque où Il se contentait de démolir des gosses avec une barre en fer. Il les laisse se vider de leur sang.

Je pose un genou à terre. Appareil devant le museau. Flash et voilà que ça se grave dans la mémoire de la barrette électronique. Et dans ma cervelle aussi.

« Un vieux fermier qui l’a trouvée, inspecteur... Vous pouvez l’interroger si vous voulez, mais ça a juste l’air d’être un pauvre vieux qui est tombé sur elle en visitant son champ... »


Je lève ma tête. L’inspecteur de police Sébastien Baumont, il est en train d’interroger l’un des gendarmes provençaux, qui lui répond. Y a plein de gendarmes ici, avec leurs tenues militaires, tout kakis, képis sur leurs crânes, fusils d’assauts ou PM en bandoulière. Y se baladent et patrouillent partout avec leurs lampes-torches, on les entend casser des brindilles sous leurs pattes et faire aboyer leurs chiens ; Mais j’ai peur qu’ils détruisent des preuves plus qu’autre chose. Ils sont pas en train de faire une battue, c’est pas leur habitude ; Ils sont en train de s’assurer qu’il n’y a pas de maquisards dans le coin, le genre qui a fait un énorme bordel à Avignon, en faisant sauter des bureaux de postes avant de passer aux chars d’assauts.
Le mec qui a répondu à Sébastien est un petit homme, arabe, avec des petites lèvres et des yeux fins ; Mais il montre ses bras bien poilus, et s’il est fin comme un chat, je sais que c’est le style militaire agile qui est habitué aux parcours du combattant. Sébastien en face est tout aussi armé que lui, même s’il a un jeans et un t-shirt noir : Il a mis son gros plastron pare-balle qu’il porte tout le temps, il porte le holster ouvert, prêt à dégainer n’importe quand un flingue non-règlementaire, probablement car le 9mm n’est plus suffisant pour lutter contre les maquisards, qui ont pourtant bien bien morflé depuis que Avignon a été « pacifié ».

Je dois avoir l’air d’un putain de clown ici. Je suis venu en costard cravate, j’ai pas d’affaires de rechanges. Deux jours que je suis arrivé à Avignon, même pas 48h en fait, on est dans la nuit de lundi et je suis arrivé samedi soir après des tas de problèmes dans le train. Dimanche on a pas pu bosser, tout le monde était chez soi, et au commissariat de police on a assisté à une messe avec le prêtre local. Dans le soir y a eu un nouvel « attentat » mais cette fois c’était juste un connard de seize ans qui a jeté des bouteilles sur des éboueurs, pas une explosion ou une attaque d’école, mais des attentats du coup y en a tous les jours. Du coup, je dormais encore dans mon hôtel quand Sébastien est venu en personne me réveiller, à mon hôtel, et m’a fait grimper dans sa bagnole. Et je suis là. Chaussures de villes salies par la poussière, j’ai enlevé ma veste et défait ma cravate, ma chemise et couverte de sueur dans le dos et sous les aisselles. Y a juste mon brassard blanc avec le petit tricolore, et marqué « GENDARMERIE » qui indique que je suis bien du coin.

Flash. Photo.

Je me lève et m’approche de Sébastien. Avec une voix un peu grave, tirée du sommeil, je lui parle :

« Parfaitement le même genre de mode opératoire. C’est que j’ai écris dans le dossier.
Il m’aura fait traverser toute la France, cet enfoiré... »


Le gendarme me tend la main pour la serrer.

« Un collègue ?
– Franck Nizan
, je lui réponds en lui serrant la main. Section de recherche de Rouen.
– C’est loin ça Rouen. Mais c’est bien lui ?
C’est le Roi des Aulnes ? »


Je crispe la mâchoire en entendant ce surnom de dégénéré. C’est le tueur qui se l’est lui-même attribué, en envoyant des lettres anonymes aux familles des victimes et à des médias pour les insulter et les menacer. Il appréciait pas les noms qu’on lui donnait avant : « Le tueur de l’Orne », « le dépeceur de l’A84 »...
Le Roi des Aulnes. Ça fait plus...
Enfin il a réussi son coup de pub.

« C’est lui. Il a bien parcouru la France, hein ? Depuis son dernier crime près d’Aurillace, y a onze mois, on avait plus aucune nouvelle de lui. Mais il semblerait qu’il ait bien trouvé refuge ici, dans le Vaucluse.
Et ça ferait donc... Avec le cadavre que vous avez découvert la semaine dernière...
Sa trente-cinquième victime. »
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David Sharon
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David Sharon
Niv 1 : civil
Mer 14 Mar - 8:26
Sorgues. Alentours d’Avignon.
Juillet 2081.
 
"Les pics et les coteaux, les vignes et les chênes, 
Étageant leurs gradins en cercle à l'horizon, 
Regardent au milieu des mûriers, dans les plaines, 
Près du Rhône qui luit, voilà la hautaine Avignon."
 
J’aurais aimé que ce jour n’arrive pas. Vraiment. Pauvre gamine.
Quelle journée de merde. Et pourtant il est encore tôt.
 
« Dans ce cas, ça en fait 35 de trop… Il n’y en aura pas de 36éme.
Pour l’instant, il faut ramener le corps à l’institut. Je vais faire en sorte que l’autopsie soit faite dans les prochaines heures, on n’a pas de temps à perdre, si on peut avoir le moindre indice rapidement autant mettre toutes les chances de notre côté. On ne peut pas le laisser filer, plus maintenant. C’est ici, que sa traque prendra fin. » 

Je donne alors une petite tape sur l’épaule de l’officier Nizan. 
Comme pour me rassurer.  

Sonnerie de téléphone.
Je m'éloigne alors.

Je plonge la main dans la poche de mon pantalon. J'en ressors un smartphone, dernier modèle, je décroche :

« Alors ? Quels sont les premiers éléments ? Donnez moi une bonne nouvelle Baumont... »

Une voix connue.

« Je suis désolé, monsieur. C'est bien lui.
– Pas d'erreur possible ?
 La personne au bout du fil sait déjà de quoi il en retourne.
– Pas d'erreur. Je pense que des mesures s'imposent.
- Bien entendu. Tenez mois au courant. »

Je soupire et racroche.
Plus les minutes passent et de plus en plus tout cela me semble réel.

Je reviens aux côtés de Nizan.

« Le préfet est déjà sur le coup. Pour ce que ça vaut...
Je pense qu'ils vont rapidement ordonner de boucler le département, personne ne pourra rentrer ni sortir. On aura de plus en plus d'éléments au fil de la journée. On a qu'a rentrer pour le moment, on a des données à croiser entre-elles »

Pas beaucoup de choix pour l'instant. On doit attendre d'en apprendre plus. Je vérifie l'heure pendant que le corps est en train d'être enlevé. Direction l'institut. Tout est déjà réglé. Je serai le premier informé en cas d'informations supplémentaires. De tout façon, nous avons été spécialement affectés à cette enquête. De ce fait, on en devient les acteurs principaux. Préfet, gendarmerie, médecin légiste, ils nous informeront, tous, au compte goutte, au fil de cette journée. J'invite alors Franck à retourner à la voiture. Il est temps de rentrer et de commencer notre enquête.

"Et toi, Mistral, au nom prédestiné ; félibres, 
Vos voix ont dominé, si douces cependant, 
Le Rhône et son mistral qui, sauvages et libres, 
Sur les ponts d'Avignon se brisent en grondant."

Journée de merde...
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Kerwan Walsh
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Kerwan Walsh
Niv 2 : équipe technique
Mer 14 Mar - 11:50
« Mouais... Je vois pas trop ce à quoi ça va servir les barrages. »

Y a eu un meurtre à Avignon la semaine dernière. Parce que le Roi des Aulnes arrêtait pas de passer en boucle sur BFM, il y a pas fallu longtemps pour que la Police Nationale contacte Paris. Et vu que j’étais l’officier qui s’y connaissait le mieux sur l’affaire, vu que j’avais passé les cinq dernières années de ma vie à surtout tenter de le traquer, sans succès, ils ont décidé d’envoyer le lieutenant de gendarmerie Franck Nizan pour briefer les avignonnais.
Normalement, aujourd’hui, j’étais censé faire un briefing oral, pour bien présenter mon dossier et l’état de l’enquête à toute la PJ d’Avignon. J’étais aussi censé voir le cadavre qu’ils ont trouvé précédemment. Mais on dirait qu’il va y avoir du délai.

« Y a plein de gendarmes ici... Mais je vois pas beaucoup de blouses blanches. La scientifique a pas été appelée ? Comment ça se fait qu’on est arrivés avant ? »

Le gendarme arabe hausse les épaules. Mais je pense que la réponse est simple. La Provence c’est un énorme bordel. Ça va faire des années maintenant que ça se barre en couille. Mais toute la France se barre en couille.
Du coup je fais un petit signe de tête à Sébastien et m’approche du cadavre. Normalement, et contrairement aux films ou aux séries télés, faut pas s’approcher d’une scène de crime sans être recouvert de la tête aux pieds d’une combinaison spéciale, pour pas contaminer la scène avec votre sueur, vos cheveux, ou quoi que ce soit d’autre. Mais j’ai relevé quelque chose d’intéressant qu’il faut que je lui montre. Je sors un stylo bic de la veste pleine de sueur que j’ai mise sur mon épaule, et vais le mettre sous l’étrange masque de la fille.
J’en tire un petit insecte, qui roule contre son cou, et tombe à terre.Je l’attrape comme ça, entre le pouce et l’index, et me relève en grommelant à cause de mon dos.

« Depuis le dix-septième meurtre, Femme Inconnue, à Champrefont dans la forêt du Maine, le Roi des Aulnes aime laisser ces petites décorations sur les corps de ses victimes.
Des abeilles mortes. »


Sébastien claque des doigts pour qu’on lui amène un sac plastique. Ça va être compliqué vu le grand nombre de soldatesque et le nombre comparativement bien moindre d’enquêteurs sur place.

« Vous devez savoir inspecteur que les abeilles sont en voie d’extinction. Les pesticides, les frelons asiatiques, plein de chose les butes, et ça explique pourquoi les fleurs de Provence disparaissent et que les pommes ou les pêches coûtent aussi cher au supermarché. Y a plein de théories que des profilers ont inventé : Que le tueur fréquenterait des mouvements écologistes, ou alors qu’il utilise la symbolique grecque par rapport aux nymphes... »


Je regarde la fille. Ça me fait toujours prendre un octave dans la voix. Qui éprouve pas d’horreur devant la mort de jeunes filles ?

« Enfin bref les abeilles il en vole pas partout. Ça peut être une piste.
Vous me ramenez au poste inspecteur ? »
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David Sharon
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David Sharon
Niv 1 : civil
Dim 25 Mar - 9:07
« Ouais. On rentre. »

On se dirige alors vers la voiture. Je me suis garé un peu plus loin. On s’installe. Ma voiture personnelle, faut dire que je n’ai pas eut le temps de passer au poste entre-temps, sans parler du fait que j’ai dû aller chercher Nizan moi-même. Enfin, peu importe. Plus qu’a se mettre en route.
Je réfléchis quelques instants à la route à prendre, en prenant en considération l’heure qu’il est, le plus simple est de prendre la voie rapide jusqu’au Pontet et ensuite suivre les bords du Rhône jusqu’à Avignon. Le commissariat se trouve derrière le lycée Fréderic Mistral sur le Boulevard Raspail, à l’intérieur des remparts, au calme. Le chemin ne sera pas long, entre les deux villes, dix minutes suffisent. 

Eh bien, eh bien…

On roule, en silence. On ne croise quasiment personne alors qu’on vient de rentrer sur la voie rapide. J’accélère, je roule bien plus vite que la limite, mais la police c’est moi. Après quelques minutes, on approche de la « Poudrerie » et de la « S.E.P.R » Hm, ça ne doit rien vous dire, je suppose. Commençons par ce qu’on appelle la Poudrerie.                                                                                                                                                   
C’est une entreprise historiquement rattachée à la société nationale des poudres et explosifs, pas besoin de vous faire un dessin, vous vous doutez sans doute ce qu’on fabrique là-bas. Une zone stratégique. C’est pourquoi l’armée y a prit position depuis des années déjà. Il ne manquerait plus que l’usine parte en fumée.
 
Au tour de la « S.E.P.R », la société européenne des produits réfractaires, derrière ce nom barbare, on y fabrique de la céramique industrielle. Les propriétés de ses produits reconnues comme exceptionnelles de résistance à l'usure, à la température et à la corrosion chimique expliquent leur emploi fréquent dans des industries de haute technologie. Pour résumer : « Du lourd. »
On ne dirait pas comme ça, mais ici dans le Vaucluse, on a deux, trois, infrastructures pas dégueu, on fabrique pas mal de matos important, après, faut bien avouer qu’on est encore un des rares endroits en France à être encore stable. C’est un plus.
 
J’ouvre un peu la fenêtre et m’allume une cigarette.
L’air frais du matin entre dans l’habitacle, enfin frais, pour la région, si vous voyez ce que je veux dire. Je tourne ma tête vers Nizan, on est tout les deux silencieux depuis qu’on est partis et ça me soule.
 
« Alors ? Le Sud de la France, ça change un peu, non ? »
Je recrache ma fumée en direction de la fenêtre et me re-concentre sur la route. Comme prévus, il n’y a personne. Pas étonnant. Et puis les gens ne sont pas trop du genre à gaspiller l’essence par les temps qui courent. Moi, je m’en fous. On continue notre petit chemin. On arrive en ville, je lève le pied. On passe sous le pont St-Bénezet, le fameux « pont d’Avignon. » Cinq minutes plus tard, on arrive au commissariat. Je me gare devant, un peu sans gêne, mais bon, il n’y a guère de collègues sur place.

On monte directement, je guide Nizan jusqu’à la salle de repos.

« Franck ? Un café ? Je vais être franc, il est plutôt mauvais voir immonde. Il vient de je ne sais trop quel pays en fait. » Je scrute l’emballage pour trouver la moindre trace d’origine du produit en vain. Peu importe. « On est bien plus forts dans tout ce qui est kebab, ici. Salade, tomate, oignon. » Je ne peux pas m’empêcher de rire. J’allume la cafetière et prépare les tasses. On en aura bien besoin. 
La journée va être longue...
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Kerwan Walsh
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Niv 2 : équipe technique





Kerwan Walsh
Niv 2 : équipe technique
Mar 27 Mar - 16:38

On laisse le corps sur place. Normalement c’est à la scientifique de s’en occuper ; Les blouses blanches arrivent, quadrillent la zone, recherchent les empreintes de pas, les traces, le moindre élément qui peut être tombé dans le contexte de la scène de crime. Ensuite, c’est au médecin légiste d’arriver sur place, et c’est uniquement là qu’on décrochera la pauvre gamine, et qu’on l’amènera dans un véhicule pour la ramener au laboratoire. Prise d’empreintes, photographie, analyse ADN. Il faudra l’ouvrir pour découvrir la cause de sa mort, et rechercher fibres et traces de corps étranger sous ses ongles, la taille de la lame qui lui a ouvert les aisselles et l’a fait saigner, et aussi, si elle a été violée.
C’est seulement là qu’on commencera un autre travail de police. Identifier la victime. Prévenir la famille. La semaine prochaine seulement, on pourra donner le corps pour qu’il soit enterré. Mais ça c’est uniquement si on l’identifie, ce qui n’est pas forcément sûr ; Parmi les victimes, il y en a pas mal d’inconnues.

Il faudra sûrement qu’on revienne dans l’après-midi, quand enfin la scientifique aura fait son travail. Techniquement je ne suis pas en charge de l’enquête. Je suis là pour conseiller le commissariat d’Avignon. Mais j’ai demandé personnellement au commissaire de pouvoir me rendre sur place. Alors, sur mes genoux, je repasse les photographies de ce que j’ai trouvé sur la scène. La position du corps. Le masque en osier. Les bracelets.
Je reste distrait par ça pendant tout le voyage, jusqu’à ce que l’inspecteur Baumont me réveille en ouvrant la fenêtre et en me parlant. Je lève subitement la tête, les sourcils bien élevés. Y doit voir les cernes sur mon visage, mais je ne pense pas qu’il doit me prendre pour le crado que je suis ; J’ai pris la peine de me raser de près hier.

« Ouais... J’ai pas encore eu le temps d’en voir grand chose. À part par la fenêtre de mon TGV.
Et à la télé. »

La télé ça passe en boucle des images du sud. Plus que du nord, qui a été pacifié. Plus que la Champagne ou la Bourgogne, où la secte du Christ Roi empêche les caméras de journalistes d’approcher.

« La Normandie c’est plus calme. Pas forcément une bonne nouvelle, d’ailleurs. On a des épidémies qui reviennent, les hôpitaux ont dû mal à soigner tout le monde...
Mais de toute façon la Normandie se dépeuple. Les jeunes y sont partis. Faire la guerre, ou émigrer en République d’Angleterre ; De toute façon depuis que le Roi est mort, de Plymouth à Douvres on parle plus que français. »

Je somnole un peu en ramenant les souvenirs que j’ai.

« J’ai déjà mis les pieds là-bas, quand j’étais soldat. Pas pendant la guerre, j’étais trop jeune ; Mais en sortant de Saint-Cyr, j’ai fais du maintien de la paix à Sheffield.
C’était cent fois plus calme que Paris. »




Le commissariat est fermé par une barrière rouge. Elle ne se lève que quand l’agent de police qui est à la porte voit la carte de flic que Baumont pose sur le pare-brise. L’inspecteur vient se garer sur un parking presque vide, excepté pour les fourgons et les voitures d’intervention des gardiens de la paix qui sont là pour la nuit. J’ouvre ma porte passager et va vers la banquette arrière pour récupérer mon sac à dos vert, souvenir de l’armée, où je range mes affaires. J’en profite pour regarder le toit, où y a des hommes en noir avec des gros fusils de précision et des jumelles qui surveillent les toits de la ville.

« Avignon a souffert ? J’ai entendu dire que les Consulaires ont tenté des actions ici à un moment, avant de se faire virer de Toulon. »

Y fait plutôt bon ici. Je veux dire, même si l’air est beaucoup plus sec qu’en Normandie, ce qui me prend à la gorge. Il y a un bon vent. La nuit calme la chaleur caniculaire du jour. J’ai moins l’impression de tourner au ralentis que ces derniers jours.
Mais ça c’est peut-être l’alcool et les médocs qui font ça.

On rentre à l’intérieur et Sébastien va dans la petite salle de repos. Sur le trajet on traverse le rez-de-chaussée, où on voit tous les gardiens de la paix en uniforme qui vont et viennent dans leurs bureaux, ou se préparent à partir en intervention. Y ont tous leurs gros gilets pare-balle et leurs pistolets sur le côté. C’est beaucoup plus calme aux étages supérieurs, ceux des unités de la PJ ; Tout le monde est chez soi à dormir pour l’instant, excepté quelques officiers de garde, et apparemment pour eux, le meurtre d’une jeune fille n’est pas si urgent. Ça va sûrement changer à partir d’aujourd’hui, puisque Baumont m’a dit que le préfet était sur le coup. Je pense pas qu’il ait envie que le Roi des Aulnes et tout le fantasme qui suit derrière se mette à perturber les locaux. Surtout les pères de famille qui ont des filles.

« Café ? Ça m’ira très bien. J’ai pas souvent faim alors le kebab devra attendre. »

Je pense pas avoir mangé un kebab une seule fois dans ma vie maintenant que j’y pense. Mon sac je le pose sur une chaise de la salle de repos, tout en demandant :

« C’est quoi le mot de passe du wifi ici ? Faut que je vous montre quelque chose. »
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David Sharon
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David Sharon
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Jeu 19 Avr - 18:22
Café et cigarette.

Dire que ça pourrait être une journée normale. Enfin, je ne sais plus vraiment ce qui est « normal » de nos jours. Je me suis assis à un bureau en train de griffonner sur un bout de papier le mot de passe de la wi-fi du poste : PN84000-Avignon. Je viens déposer la feuille avant de me diriger vers la cafetière à l’autre bout de la pièce. J’attrape deux tasses. Rien que l’odeur est déjà désagréable. Un bon tord-boyaux made in Vaucluse. Je pose la tasse à côté de Franck.            
         
« Attention, c’est chaud… Y’a du sucre là-bas s’il faut. »  

Je vais m’assoir sur une sorte de fauteuil. Le genre qui a fait son temps. Trop même. Je m’enfonce dedans le temps que Nizan s’occupe d’allumer son ordinateur. Je suis fatigué, je suis fatigué, je sui fatigué. Je ferme les yeux et me masse les paupières. Trois jours, trois jours que je n’ai pas dormi. C’est plus ou moins la norme ici. Depuis longtemps d’ailleurs. J’aimerais dire que l’ont fini par s’y habituer, mais non, c’est faux. Protéger et servir qu’il disait. Quelle vie.

Quelque chose se met à vibrer dans ma poche. Mon téléphone. Je l’attrape. Je regarde rapidement le numéro, que je connais très bien. Je décroche.

« J’écoute. Je connais déjà la raison de l’appel. Du moins, je me doute.
- Baumont ? C’est Faure à l’appareil, j’appelle par rapport au corps.
- Quoi le corps ? Qu’est ce qu’il y a encore ?
- Rien, rien.  Juste qu’on l’a envoyé  à Carpentras.
- Quoi ? Mais… On a assez de matos ici pour ça.
- Je sais, je sais, mais voilà, ils sont quand même mieux équipés là-bas, l’institut de Carpentras nous permettra de faire encore plus d’analyses, c’est tout bénef.
- Très bien. Mais je veux que certains de nos gars restent là-bas, pas question que des mecs de Carpentras viennent fourrer leur nez là-dedans.
- Pas de soucis. Je reste au contact. Si y’a du nouveau je t’appelle. A plus.
- Ouais, on fait comme ça.

Je raccroche. Je remets le téléphone dans ma poche.
Je me lève et je m’approche de Franck.

« Alors… Vous vouliez me montrer quoi ? »
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Kerwan Walsh
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Niv 2 : équipe technique





Kerwan Walsh
Niv 2 : équipe technique
Mar 24 Avr - 22:28
Mon PC portable est une vieille antiquité, l’allumer est toujours hasardeux, tant il se permet d’être capricieux ; Les ventilos soufflent, l’écran sale se met à briller d’une lumière qui me faire plisser les sourcils avant que je puisse taper mon mot de passe. Le temps de taper le code du wifi, Baumont revient avec le café, ce qui me fait dire un « merci » très cérémoniel avant de sortir mon disque dur externe de mon sac – je n’ai aucune confiance dans celui greffé sur mon PC que j’ai déjà dû changer il y a trois moi – et de le brancher sur le port USB.
Les documents s’affichent, images, données cartographiques, photos, rapports tapés au traitement de texte tous alignés et listés, triés dans des dossiers séparés par les victimes même si j’ai fais des petits mementos pour lier par rapport à une région, un rituel, ou des observations à l’autopsie qui permettent de mettre en lien certains des crimes. Il ne s’agit pas de trente-quatre, à présent trente-cinq victimes séparées ; au-delà de la théorie des copycat, des meurtres d’imitation, nous recherchons un seul et même criminel, et donc un seul esprit intellectuel qui est derrière cette tuerie.

Pendant ce temps, Baumont répond à un appel, que j’écoute d’une oreille distraite. Apparemment y aurait une petite rivalité Carpentras-Avignon. Elle n’est certainement pas anodine ; On m’a prévenu, une fois sur Paris, que le sud était très dangereux. Si Toulon était libéré, et Marseille était protégé, l’Ardèche, les Cévennes et le Lubéron étaient des régions où les consulaires étaient encore très présents, cachant vivres, armes et soldats pour leur rébellion qui continuait des actions aussi bien contre le gouvernement que contre les ONG qui venaient en aide avec les migrants. La semaine dernière trois bénévoles de l’ARCAL avaient été kidnappés par des types armés roulant dans un SUV blindé alors qu’ils allaient devant le tribunal pour répondre de l’accusation d’avoir fait passer des réfugiés illégalement dans le pays. Ils ont buté les flics qui conduisaient la bagnole et égorgé les trois collabos qui amenaient les envahisseurs de Troie. Tout ça pour dire que, le cadavre de la victime, il valait mieux qu’on y ait accès facilement, et je ne pouvais que comprendre Baumont de le vouloir.

« Une ville dangereuse, Carpentras ? » je lançais à la volée alors que l’inspecteur venait derrière mon épaule et m’interrogeait sur ce que je souhaitais lui montrer.
Maintenant connecté au réseau internet, je pouvais taper ce que je souhaitais : www.chaturbate.com.

J’ignorais si la réaction de l’inspecteur allait être de la surprise ou de l’amusement, ou bien même, une colère provoquée par sa pudeur, une chose logique s’il est un musulman ou un chrétien apocaliste. Mon doigt sur le pad de l’ordinateur dirige le curseur vers l’onglet « tag », puis, après un certain temps de chargement, vers le petit hyperlien « #french ».
Alors que Baumont se retrouve face aux miniatures de 42 webcams qui tournent, de jeunes femmes principalement, je commence ma narration.

« Le choix des victimes a varié au cours du temps, avant de se fixer. Sur les trente-quatre que nous avons trouvé, il y a trente-trois femmes, et il y a un point commun avec quatorze d’entre elles.
Ce sont des camgirls. »


Je marque une petite pause, le temps de prendre le gobelet de café qu’il m’a gentiment ramené.

« Cela n’a pas été facile d’identifier le lien entre elles ; Pas le même statut social, des différences dans les villes, même s’il s’est beaucoup concentré sur la Normandie au départ, des différences dans le choix des femmes aussi ; Toutes les couleurs de cheveux, tous les styles vestimentaires, des jeunes filles décrites très différemment par leurs parents ou leurs proches. Mais j’ai trouvé ce lien par hasard, avant de réussir à l’appliquer à pas mal d’entre elles.
Il y a des dizaines de théories qui circulent sur les meurtres, inspecteur Baumont. Mais moi je suis convaincu d’une chose : Le tueur choisit ses victimes sur ces sites. »


Je clique sur une des images au hasard. Temps de chargement. Le but c’est de montrer à Baumont à quoi ça ressemble, au cas où il le sait pas encore ; peut-être qu’il va me prendre de haut et me faire la remarque, d’ailleurs.
Mais qu’importe.

« Il en prend toujours qui font peu de vues. Des petites communautés qui se greffent autour d’elles, une dizaine de personnes qui discutent ensemble, et avec elles. Certains font des cadeaux, par amazon ou la fnac. Au bout d’un moment, il en profite pour les contacter en privé. Pas juste demander des show privés, non, je parle de… De leur parler.
Et puis de leur donner rendez-vous. »


Je passe le site web en arrière plan, le temps de chercher une image en particulier dans un des dossiers.

« Une des victimes avait tout juste dix-huit ans, mais beaucoup moins d’âge mental. Elle avait encore un journal intime.
Elle a laissé des traces de lui. Enfin… Elle parle d’un type, dont je pense qu’il s’agit de notre gars. Elle le nomme pas, elle invite une histoire, elle dit l’avoir rencontré dans un café, en enjolivant la chose, tout son journal est bâti sur des constructions mentales de ce genre. Mais c’est le truc le plus proche que j’aie du portrait du tueur.
Mental. Et physique. »


Le gros fichier pdf montre toutes les pages du journal de la gamine, qu’elle avait depuis ses douze piges. Une sale affaire.

« Ses premiers meurtres étaient… Mal faits. Ratés. Et ils n’intéressaient pas les autorités. Il tuait des prostituées. Souvent qui n’avaient pas la nationalité d’ailleurs. Il continue, de temps à autre ; C’est le cas pour dix-neuf des victimes. Lorsqu’il tue de simples prostituées, il est difficile de lier ses meurtres à d’autres séries, seules ses empreintes digitales et les traces ADN, non-répertoriées, permettent de les lier scientifiquement, mais absolument pas anthropologiquement.
Pour dire les choses de façon crue, quand il tue de simples putes, il se déchaîne. Mais quand il le fait avec une camgirl, il met en scène.
Comme ce que vous avez vu ce soir. »

Alors que je cherche à ouvrir des images de quelques-uns de ces rituels étranges, je me permet une dernière remarque :

« L’une des victimes est un homme. Il faisait des cams lui aussi, mais d’autres choses aussi. C’est… C’est le crime que j’ai le plus de mal à caractériser.
On a quatre profils psychologiques différents, pour vous dire comment l’enquête patine. On avait tellement de mal à avancer, entre tous les services, toutes les branches, les sections de recherches de Rouen et de Rennes qui gardaient des infos pour elles-mêmes, qu’au final j’ai décidé de faire mon propre profil du tueur, alors que je n'ai une formation psychologique que superficielle.
Cela vous montre bien à quel point c’est un peu la merde... »
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David Sharon
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Niv 1 : civil





David Sharon
Niv 1 : civil
Sam 26 Mai - 19:03
« Je vois. On peut dire que ça pose quelques pistes de réflexions. Je ne suis pas tellement dans tout ce qui est profil psychologique, mais on peut voir un élan assez féroce envers les femmes qui pourrait résulter d’un problème dans sa jeunesse. Sans doute un manque affectif lié à sa mère. » 

Je m'arrête un instant avant de reprendre.

« Mais d’après ce que vous venez de me dire, il semblerait que les pulsions envers les prostituées puissent être liées à une certaine frustration sexuelle de sa part également,. La seule victime masculine aurait-elle quelque chose de particulier qui pourrait nous permettre de l’intégrer dans notre piste de réflexion ? Je sais qu’on n’est pas dans une série télévisée mais je suis sûr qu’on pourrait réussir à poser un profil sur cet enfoiré. »

Je regarde attentivement les images et les fichiers qui s’ouvrent sur le pc portable. Je fais attention aux détails. Je prends connaissances des différents points importants et des informations que Nizan m’apportait petit à petit.

« Je ne sais pas trop. Même si les informations du journal pourraient… être utiles. On peut vraiment faire confiance à ce que raconte une… gamine un peu attardée ? Je veux dire, c’est assez glissant, non ? Ce n’est pas le moment de se disperser et de nous infiltrer dans des pistes farfelues. Ce n’est vraiment pas assez factuel pour moi. »

Je crois que ma dernière phrase est particulièrement hautaine sur le coup. Je suis sûr qu’elle donne l’impression que j’envoie chier Nizet en balayant d’un revers de la main les informations qu’il a récoltées. Bah merde alors. Je suis sûr qu'il va me faire la remarque. Je m'éloigne un peu de l'écran et je fouille dans un tiroir à deux pas en faisant glisser la tabouret à roulette où je suis. Je récupère alors un câble USB.

« Pas de problèmes si je récupère tout ça sur mon smartphone ? »

Je branche alors mon téléphone à l'ordinateur et je commence à copier l'ensemble des données. Le PC de Nizan est une vraie antiquité, mais au moins, c'est plutôt simple. Je pose le téléphone sur le bureau et j'attends la fin du téléchargement.

« On devrait bientôt avoir l'ensemble des informations qui vont remonter de Carpentras. Vous pourrez les rajouter à votre base de données. Que voulez-vous faire ? On peut directement aller à Carpentras. On en a à peine pour vingt minutes aller. Sinon, on peut toujours s'occuper de ces fameux sites. Essayer de centraliser les informations sur les jeunes filles de ces genres de sites qui habiteraient aux alentours. Se serait un peu long, certes. Mais avec l'augmentation des prix internet et les lois sur la neutralité du net, beaucoup de personnes ne peuvent plus du tout se payer ce genre de services. On pourrait réussir à cibler plus rapidement des personnes qu'il y a quinze ans tout de même. Libre à vous de choisir.»
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