La planète devenait inhabitable. Les maladies, la montée des eaux, la pollution, la surpopulation, le manque de ressources : les problèmes étaient connus depuis longtemps, mais nous avons tardé à réagir. Les solutions écologiques auraient dû être mises en œuvre un siècle plus tôt. La race humaine risquait l'extinction. La Terre aurait dû être notre tombe durement creusée.
Un programme spatial à financement privé a été lancé. Les plus grands scientifiques (tous domaines confondus) s’y sont attelés jusqu’à la création du premier vaisseau Vidar en 2084 et son lancement en 2085. À son bord, des civils tirés au sort, des scientifiques, des militaires et des multimilliardaires ayant discrètement acheté leur place. Le premier décollage a été un succès, contrairement aux suivants...
Hormis les soucis techniques, le programme spatial a dû faire face à des attaques terroristes, la maxime de la résistance étant : "faire évacuer tout le monde ou mourir ensemble". Les conditions de vie terrestre se sont dégradées à une vitesse incroyable et la capacité des vaisseaux est loin d'être suffisante.
Le lancement du Vidar 89-05 était programmé pour le 29 octobre 2089. Les 18 500 places avaient été attribuées aléatoirement les semaines précédentes afin de limiter les risques d'attentat. La sécurité était optimale, et pourtant… Un hacker non identifié réussit un tour de force : celui de s'introduire dans la base de données et d'ajouter 35 voyageurs. Il leur attribua un travail, une cabine, tout ce qu'il fallait pour qu'on ne puisse pas les différencier des autres passagers. Les dirigeants choisirent pourtant de décoller avec ces clandestins ; la chasse à l'homme aurait pu durer des heures et chaque minute sur le tarmac décuplait les risques d'attaques extérieures.
Vingt ans plus tard, le Vidar 89-05 navigue toujours dans le vide intersidéral, les scientifiques estimant qu’il leur faudra plusieurs siècles avant d’atterrir sur une planète habitable. La récente fuite de l'information concernant les clandestins a provoqué la colère de certains passagers et a transformé le vingtième anniversaire du décollage en véritable fiasco. Si depuis les esprits semblent s'être calmés, les désaccords sur le sujet persistent. Des réseaux pro et anti clandestins se forment, promettant un futur agité.
