Kasmeer Fawkes

[Comme à tous les deux ans, tu attends docilement ton tour. Une voix rocailleuse prononce ton nom et tu entres dans le bureau d’un pas désintéressé. Ta journée est perdue d’avance.]

Mme. Fawkes assoyez-vous je vous prie.  Comment allez-vous?
[Tu t’assoies sur la chaise en face de ton interlocutrice. Tu lui fais un petit sourire en coin en signe de politesse.]

- Je perds une journée de travail, mais ça va … merci

[Comme la dernière fois, tu lui fais savoir que tu perds ton temps à venir ici. Tu n’aimes pas te faire déranger pour des futilités. Tu soupires, attendant la suite de l’interrogation bisannuelle. Cette fois, elle ne t’explique pas la raison des entretiens, elle ne fait que griffonner sur ses feuilles quelques mots. ]

D’accord! Si on commençait par une question simple? Décrivez-moi votre quotidien.

[Tu prends une grande inspiration avant de fixer de l’œil droit un point de la pièce juste au niveau des yeux de la psychologue, derrière le mur. Puis tu commences, d’un ton monotone, à réciter tel un monologue que tu aurais appris par cœur.]

- Finissant parfois très tard le soir, je me lève d’ordinaire vers 8 :30 du matin après que mes trois alarmes aient sonnés. Je prends une douche rapide avant de m’habille pour le travail. Je prends mon petit-déjeuner puis, je file vérifier mes assignations de la journée. Une fois terminée, je retourne le plus clair de mon temps dans ma cabine.

Et c’est tout?

- Il m’arrive parfois de sortir voir des amis ou de travailler de ma cabine …

[Tu fais une courte pause. Tu n’as pas réellement envie de lui parler de ta pseudo vie amoureuse et de tes nombreux « plans culs » ni que tu passes tes soirées à créer des applications pour smartphones lorsque des idées te viennent]

Dites-moi Mme. Fawkes comme une technicienne en informatique passe-t-elle ses soirées à travailler de sa cabine?

[Tu déglutis. Naturellement, ce n’est pas ce que tu voulais réellement dire. Travailler de ta cabine signifiait souvent inviter ton collègue de travail pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés dans la journée et terminer sous la couette à faire une partie de jambes en l’air à 2  du matin.]

- En apportant du travail à sa cabine ou en travaillant très tard le soir.

Vous travaillez souvent tard comme ça?

- C’est un crime d’aimer son travail?

Bien sûr que non! Aimez-vous votre vie?

- Ce n’est pas tous les jours passionnant, mais ça me convient.

[C’est un fait. Tu baignes dans les chiffres et les codes informatiques depuis tellement longtemps que c’est devenu ton quotidien, ta passion. Résoudre des problèmes complexes, trouvez pourquoi, dans un code donné, la porte d’une cabine ne s’ouvre plus. Bref, tu aimes ce que tu fais. La psychologue regarde sa feuille avant de continuer.]

Et vos problèmes de vue sont-ils réglés?

- Hum …

[Tu n’aimes pas en parler. Peu savent que tu es aveugle d’un œil et que cela t’empêches de bien évaluer tes distances. Naturellement, dans les endroits connus, comme ton bureau, rien n’est perceptible car tu connais désormais par cœur le nombre de pas à faire pour te rendre du point A au point B.]

- … non.

[Tu souffles ta réponse comme si tu en avais honte. Cet accident remonte à tes 7 ans lorsque tu as quitté le nid familial avec ton frère aîné sur la terre afin d’échapper aux poings de ton géniteur.]

N’en parlons plus! Décrivez-moi plutôt votre parcours.

- J’ai toujours apprécié l’informatique, surtout la portion code. Savoir qu’une simple virgule peut faire « boguer » un programme entier, c’est fascinant.  Donc, j’ai passé le plus clair de mon enfance dans les livres à apprendre le métier. J’ai ensuite fait mes études dans le domaine pour terminer avec les honneurs. Désormais, je fais partie d’une équipe chargée d’améliorer et de corriger les programmes mineurs existants sur le vaisseau.

Et vous avez des ambitions?
- Intégrer l’équipe chargée de la résolution des problèmes majeurs des programmes principaux du vaisseau comme les systèmes de survie par exemple.

[C’est la première fois depuis le début de ton entretien que tu souris. C’est réellement un rêve qui te tient à cœur même si certains, comme ton frère, pourrait trouver cela complètement ridicule. Il sauve des vies à sa manière, tu as la tienne.]

Vous souvenez-vous de la terre? Vous manque-t-elle?

- J’étais jeune à l’époque, je ne me souviens de rien.

[Tu te souviens très bien de la terre et de tes 8 ans passés là-bas. De la violence de ton père vis-à-vis de ta mère et de toi-même. Tu te souviens du jour où tu es arrivée en retard. Cette journée où ton géniteur à frapper ta tête contre un miroir et qu’un éclat de verre s’est logé dans ton œil gauche. Tu te souviens parfaitement du son que fis le corps de ta mère lorsqu’elle fut battue à mort pour avoir protégée ton corps se tordant de douleurs. Tu te souviens des mois complets dans le noir total après le choc que cela t’as apporté. Tu te souviens, mais tu refuses d’en parler. Moins tu en parles et plus tu as l’impression qu’il disparait.]

Parlez-moi de votre entourage.

- Ma famille? Il n’y a pas grand-chose à dire. Je ne parle plus à mon frère ainé depuis qu’il s’est marié. Je crois qu’ils vont avoir un enfant, mais c’est tout ce que je sais.

Et vos parents?

- Vous avez vos anciens rapports sous les yeux non? Vous savez déjà qu’ils n’ont jamais embarqués sur le vaisseau.
Avez-vous des regrets? Des peurs?

[Encore une fois, tu n’as pas envie d’en parler, ni de t’ouvrir. Néanmoins, tu sais que tu dois lui parler. Tu dois jouer le jeu afin qu’elle complète son dossier.]

- Je … j’ai peur des miroirs.

À cause de votre accident?

[Tu lui fais un signe positif de la tête. Tes peurs n’ont pas changées depuis ton dernier entretien. Pourtant, elle revient toujours sur les mêmes détails. La routine je présume.]

Comment allez-vous ? Avez-vous des cauchemars, des problèmes de santé ? Êtes-vous heureux ?

- Je fais toujours le même cauchemar qu’il y a deux ans. Chaque nuit, dès que je ferme les yeux, je me retrouve dans une pièce complètement noire. Aucune lumière, aucun son. Puis, une lumière aveuglante illumine la pièce. Je m’aperçois que je suis entourée de miroirs reflétant de façon difforme mon image.

[Tu fais une courte pause. Tu te sens incapable de prononcer la suite. Pourtant, tu te forces à le faire comme à chaque fois que tu te retrouves à devoir raconter ta vie à un inconnu]

- Si je ne me réveille pas, les miroirs éclatent sans que je puisse me défendre.

[Tu n’as pas besoin d’une psychologue pour savoir l’origine de ton cauchemar. Tout comme tu n’as pas besoin d’elle pour savoir pourquoi tu es incapable de t’engager dans une relation stable avec quelqu’un.]

- Sinon, je n’ai aucun problème de santé hormis ce que vous avez déjà noté. Puis-je y aller?

[Comme à chaque fois, tu en as marre des questions. Tu espères pouvoir retourner rapidement à ton travail et aux choses qui te sont importantes.]

Très bien. Nous en avons terminé. Portez-vous bien.

Je crois que je vais faire simple. C'est Cassandre qui m'a tiré par les cheveux pour que je rencontre sa nouvelle petite famille. Mon surnom sur internet c'est Nayja (l'histoire derrière est assez longue alors je vous épargne les détails).

Niveau RP, j'en fais depuis plus de 14 ans et ce, même si je ne suis pas la meilleure niveau orthographe et grammaire (désolée à l'avance pour vos yeux). Ce que je préfère dans ce hobby, c'est le développement psychologique. Sinon, je pense que c'est tout.